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Des points, des dots, des spots

Incruster un point sur le tuyau des pipes est une pratique dont l'origine est contestée. Qui de l'allemand Vauen (prononcer : faou-èn) ou de l'anglais Dunhill a eu la primeur de l'idée ? La chose n'est vraiment pas claire. Jugez-en plutôt :

Alfred Dunhill fonda sa marque en 1907 alors que la Vereinigte Pfeifenfabrik AG Nürenberg, existait déjà Outre-Rhin (fondée en 1901) et marquait ses pipes d'un point. Il est à noter que ce signe était initialement un repère pour distinguer la partie supérieure du tuyau lorsque le fumeur assemblait sa pipe. Il apparu très vite que ce repère pouvait devenir un signe distinctif de fabrication, et donc l'objet d'un enjeu.

On lit que The white spot (ou dot) , le point blanc[1] était inséré par Dunhill, sur ses pipes à partir de 1912[2]. D'autres prétendent que le point fut introduit en 1915 [3]. Mais comment se fait-il qu'un litige qui opposait Dunhill et Vauen sur ce point fut réglé par un accord entre les deux maisons en 1911 [2] ?

Quoiqu'il en soit, les deux marques ont conservé jusqu'à nos jours ce logo simple, immédiat, et élégant. Mais aujourd'hui, dans l'imaginaire du fumeur de pipe, il est lié avant tout à la marque anglaise.

Il va de soi que d'autres se sont inspirés de ce signe premier jusqu'au plagiat et même à la contrefaçon. Parmi ceux qui ont eu la même idée on trouve entre autres (par ordre alphabétique) Barclay Rex, Brigham, Sasieni, Savinelli, ou Spanu (Tom). L'imitation est devenue tentante dés lors que Dunhill commençait à jouir d'une forte réputation. Il y a d'ailleurs eu quelques procès... L'astuce consistait à faire varier légèrement quelques caractéristiques du symbole comme sa couleur, sa matière, le nombre de points ou la taille des points.

Pour ce qui est de cette dernière caractéristique on ne considérera pas dans ce chapitre les logos qui sont plutôt des ronds dont la taille est sensiblement plus importante que le légendaire white spot[4] .

Voici quelques exemples de logos circulaires, mais trop grands pour être considérés comme de véritables "points" :

En revanche les quatre exemples ci-dessous correspondent à quatre marques différentes qui utilisent des points au sens où nous l'entendons. Je vous rassure tout de suite, elles ne sont pas les seules, il y en a pas mal d'autres...

Sans doute êtes-vous bien en peine d'y reconnaître le point de Dunhill.

Lequel de ces tuyaux arbore-t-il le point de Dunhill ?

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Le lecteur se rend bien compte qu'il y a là quelques bizarreries. Les articles de ce chapitre se veulent de mettre les points sur les "i" dans cette affaire.

[1] Question linguistique :

"Point" est la traduction française adoptée pour "Dot" qui, dans la langue de Shakespeare, signifie "petite surface ronde". En toute rigueur mathématique, le point n'a pas de surface et l'anglais fait bien la différence entre "a point" et "a dot". Le terme "spot" serait plutôt traduit par "Rond". Cependant l'habitude veut qu'on parle plutôt de "white spot" pour Dunhill et de "blue dot" pour Sasieni. Compliqué...

[2] Ouvrage :
Pipes, Artisans and Trademarks,
José Manuel Lopes, 2005,
Quimera Editores, Lda (en anglais)

[3] Histoire de Dunhill ici (Dernière visite le 06/02/2010)

[4] Accès aux logos de type "ronds décorés", "ronds en bois", ou "ronds unis".

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