Patates

Les sites de ventes en ligne voient fleurir de temps en temps la production d'un nouveau pipier américain. Steve Harmon commercialise ainsi des pipes qui se reconnaissent immédiatement. Leur finition, toujours la même, est tout à fait caractéristique : des zones noires rapidement guillochées, plaquées sur un bois clair, sans texture particulière, sans teinture.

Ces pipes mises côte à côte, ressembleraient à un troupeau de vaches, celles de la race Holstein. Les taches noires qui font la robe des championnes du monde pour la production laitière, sont différentes sur chacune d'elles et pourtant, rien ne distingue fondamentalement un animal d'un autre.

Troupeau de pipes

Ajoutez à cela des volumes informes, des fourneaux aussi variés qu'une patate peu l'être par rapport à une autre et vous aurez réuni tous les ingrédients de la banalité.

Néanmoins dans ce paysage un peu monotone, on voit émerger un modèle quelque peu atypique.

Une pipe avec un sac à dos ? Un parasite ? Une mutation défavorable ? N'est-il pas dit que lors de naissances gémellaires, un des jumeaux s'est toujours développé plus que l'autre ? Avec cette patate double, vous en avez une illustration patente dans le domaine des pipes siamoises.

Il faut dire que notre pipier possède une très haute estime de son art et il l'exprime sur les forums. Voilà sa philosophie sur son métier.

"Eventually we all have used the same wood and all we have to do is drill the same holes in the same place".

Traduction : "En somme nous utilisons tous le même bois et nous avons à percer les mêmes trous aux mêmes endroits".

Une philosophie nouvelle, très personnelle à base de trous. Une démarche qui le conduit à produire des pipes qui fument, sans doute, toutes de la même façon et qui nous ferait presque croire, qu'après tout, les siennes ou d'autres, c'est du pareil au même. Partant de là, on comprend mal la belle diversité de prix de ses modèles.