Poivre et sel

Il ne s'agit pas ici d'une pipe qui brille particulièrement par la subtilité de ses formes ou le soin qui a été apporté au choix du bois. Ce qui serait plutôt remarquable cett fois-ci, c'est d'une part l'époque de sa réalisation et d'autre part la disposition côte à côte des fourneaux.

Le tuyau en os vient s'insérer dans la tige garnie d'une bague ciselée

On peut situer les origines de celle-ci dans la première moitié du XXième siecle, à une période où la pipe était un objet extrèmement banal, réalisé industriellement en tres grand nombre. Trouver dans ces conditions un artisan qui veut bien se donner la peine d'en faire un objet totalement gratuit ce serait un peu comme si une marque d'automobile prenait aujourd'hui l'initiative de présenter un véhicule aux roues carrées. Car, vous l'aurez compris, fumer cette pipe est quasiment impossible.

Pour ce qui est de la disposition des deux fourneaux je ne peux m'empecher de faire un parallele amusant.

Tête de pipe siamoise en salière

En jetant un coup d'oeil plongeant sur les deux fourneaux, force est de constater que son propriétaire a fait bien plus que des simples tentatives pour la fumer. Il faut se rendre à l'évidence : la noirceur des bords montre, contre toute attente, un usage régulier. Alors comment procèdait ce virtuose ? La seule possibilité envisageable est un bourrage simultané des deux têtes. Les fumait-il concomitament ou allumait-il une charge après avoir brûlé l'autre ? Le même tabac des deux cotés ?

Cette pipe ne possède aucun estampillage, aucune marque qui permettrait d'en déduire son pays origine. Mais cela renforce ma conviction qu'elle est l'oeuvre d'un petit artisan qui a simplement voulu s'amuser en meublant ses longues soirées d'hiver.

Valeur de la pipe (estate) : 22,90 €