Tête à tête

A la vue de l'illustration ci-dessous, et dans le contexte de cette série d'articles, on jurerait être face à une pipe, une seule, à deux foyers et deux tuyaux, même si le trait médian trahit quelque peu cette unicité.

Pipe siamoise de la maison Radice (Italie)

Il s'agit effectivement de deux pipes qui peuvent mener chacune une vie autonome.

D'un trait de scie

Les progres de la chirurgie sont tels qu'il ne se passe pas une année qui ne voit l'annonce médiatisée de la séparation délicate de deux enfants siamois. Luigi Radice met en scène sous vos yeux une telle opération.

Il accentue le réalisme en ménageant une arête vive, presque tranchante sur tout le pourtour de la surface commune. L'impression d'avoir été coupé "net" est flagrant. Cette même arête élargit les deux faces au contact l'une de l'autre par un petit bourelet : l'impression d'aspiration réciproque pourrait laisser croire qu'elles se roulent une pelle.

Il va plus loin : en jouant sur l'alternance entre bois sablé et bois lisse, il nous dévoile sur toute la surface du décollement, la chair écorchée, irriguée et encore palpitante de la pipe en Bruyère.

Rarement dans mes périgrinations pipières je n'ai vu spectacle plus saisissant, qui provoque à ce point la perception d'un tissu organique.

 ♥ Articles concernant d'autres pipes Radice :
"Chapeau, Luigi !"
"Pipe en sautoir"