On ne peut pas dire que la marque Dunhill se distingue aujourd'hui par sa recherche de nouvelles lignes ou le désir d'innover dans le design de ses pipes. Le classicisme très britannique est une ligne de conduite particulièrement bien tenue par le fabriquant londonien.

Ce modèle de 1995 semble battre en brèche la politique conservatrice de la marque au point blanc. Détrompez-vous ! Il existait déjà quand Alfred Dunhill, fondateur de l'illustre entreprise (1907) était en charge de la maison.

Cet homme était un véritable inventeur. Pour éviter la projection d'escarbille sur le fumeur se tenant dans une calèche ou l'impériale d'un bus, au grand air, il eut l'idée de rehausser la paroi avant du fourneau. Les tests en soufflerie n'etaient pas possible à l'époque et les turbulences engendrées par ce genre de dispositif rendent sans doute l'ensemble relativement inefficace.

Et puis, si on y réfléchit un peu, allumer cette pipe ne doit pas être particulièrement évident. La hauteur du pare-vent est particulièrement impressionnante comparée à certaines autres pipes Dunhill de ce type^[1] .

Quelques contorsions s'imposent avec allumettes ou briquets. Il y a eu le fusil à tirer autour des coins. Pour ce modèle il faut inventer un briquet fondé sur les mêmes technologies : flamme à la fois vers le bas et vers l'avant.

Malgré tout cela cette pipe et ses soeurs sont entrées dans la légende.

Remarquez dans la vue ci-dessus la maîtrise de Dunhill dans l'art du sablage

Le mythe de ces pipes à pare-vent perdure : en 1979, Dunhill a proposé une édition limitée de ces modèles. Cela a sans doute bien fonctionné puisque, comme le montre cette pipe, la firme au point d'ivoire a recommencé à les produire dans les années 90.