Dans toutes les religions, l'artiste qui devait représenter un personnage saint avait recours à un signe, toujours le même, pour distinguer ce qui est divin du vulgum pecus. Ce signe est l'aura.
La forme d'aura qui est de loin la plus usitée est un genre d'assiette plus ou moins dorée qui se situe à quelques centimètres derrière le crâne, au niveau de l'occiput.
De là à imaginer qu'un pipier particulièrement dévot, adorant la Bruyère par dessus tout, confère à sa pipe un saint statut, il n'y a qu'un pas. Et ce pas a été franchi allègrement.
Est ce par hasard que la marque qui a osé auréoler une tête de pipe soit transalpine ? L'italie n'est elle pas le pays qui abrite le minuscule et richissime Vatican ?
Paronelli a osé sanctifier l'essence, Erica Arborea, qui fait depuis bien plus d'un siècle la joie des fumeurs.
Il y aurait bien d'autres explications plus prosaïques à ce dispositif :
On pourrait penser que l'appendice n'est autre qu'un pare-vent dont l'aérodynamisme aurait été substantiellement amélioré depuis les premiers essais de Dunhill.
Un guide pour le tasse braise ? C'est peu convaincant quand on sait que le tabac protège de la maladie de Parkinson[1]. Les fumeurs de pipe sont donc exempts des tremblements des mains caractéristiques de ce terrible mal.
Dernière hypothèse : l'artisan était parti pour tailler une forme "chimney" (fourneau très haut à la manière d'une cheminée), puis il s'est ravisé. Au lieu de décapiter bêtement la tête pour en réduire la hauteur, il a conservé dans un moment de génie ce montage qui en fait une pipe à nulle autre pareille.
[1] L'analyse de toutes les études met en évidence une réduction du risque de maladie de Parkinson de 60% pour les fumeurs.